Pour célébrer la journée internationale de la francophonie du 20 mars, l’Amicale des étudiant-e-s francophones de l’IHEID vous propose, en collaboration avec The Graduate Press, une série de témoignages d’étudiantes et d’étudiants de l’IHEID.
Louka Morin-Tremblay, Canada, 2ième année MIA
Comme l’a écrit Wittgenstein dans son Tractatus, « les limites de mon langage constituent les frontières de mon propre monde ». Or, bien qu’étant attaché à la langue française, je ne pouvais malheureusement pas m’y confiner; pour me sentir à l’aise dans la sévérité de ses accords, dans son attention orthographique et dans sa titilleuse syntaxe, je dus me conjuguer à l’autre, me renouveler dans de nouvelles règles.
J’aime parfois me remémorer le temps où j’avais de la difficulté à comprendre ma langue. Les lettres ne se prononçaient pas, les mots ne s’emboîtaient pas, les phrases n’avaient aucun sens, et ma nature timide n’aidait pas ma noble cause. Pareillement à l’anglais, c’est avec l’attention de mes professeur.es que ma passion pour les langues s’est envolée vers de nouvelles frontières linguistiques. Passai-je donc à l’espagnol, puis à l’italien et au latin, et d’ores et déjà à leurs variantes dialectales.
Pour moi, la langue est un endeavor, un désir performatif d’énoncer la réalité telle qu’elle se reflète dans notre esprit. De le faire en français maintenant, c’est une tout autre chose. C’est comme si je partageais un secret, parfois boiteux, parfois sensible; comme si j’avais une conversation à cœur ouvert; comme si je peignais un tableau dont les coups de pinceau dansaient au rythme de ma voix.
Alors que les langues sont souvent reléguées à une localité lointaine ou délimitées dans les recoins d’un état, je pense qu’il faille remédier à la situation, surtout considérant que seulement une vingtaine de langues monopolisent la scène internationale. C’est pourquoi, après mes études, j’espère contribuer à l’essor d’une idiodiversité[1] qui façonnera le monde, que ce soit en français, en japonais ou en créole.
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