Par L’AMEF
L’Institut de hautes études internationales et du développement est issu de la fusion en 2008 de deux institutions, l’Institut universitaire de hautes études internationales et l’Institut universitaire d’études du développement respectivement fondés en 1927 et 1977. L’histoire de notre Institut est donc riche et celui-ci a la chance — et l’honneur — de pouvoir s’appuyer sur ce précieux legs institutionnel.
Les deux composantes fondatrices de l’Institut ont de tout temps été des institutions de renom au sein desquelles le français prédominait. Avec la fusion des deux institutions et sa modernisation, l’Institut a mis sur place une politique de bilinguisme institutionnel dit « asymétrique », l’anglais étant dorénavant la principale langue de travail à l’IHEID. Néanmoins, ce bilinguisme et cette capacité de travailler tant en français qu’en anglais sont — et doivent demeurer — les marques de fabrique de notre Institut, étant à la fois un fort vecteur d’identité et d’excellence. En effet, la maîtrise, ou à tout le moins la connaissance passive du français, offre des perspectives inédites pour les étudiantes et les étudiants, tant en termes d’accès à la documentation servant à la recherche universitaire qu’à des carrières au niveau international, le français étant l’une des langues de travail de toutes les institutions multilatérales, y compris celles sises en Suisse.
Hélas, la place du français subit une érosion croissante à l’IHEID, qui offrant majoritairement des cours en français il y a quelques années, se trouve aujourd’hui dans une position inverse puisque la plupart des départements n’offrent désormais que quelques cours en français, voire un seul cours par an pour certains départements.
Dans le but de renverser la vapeur, l’Amicale des étudiantes et étudiants francophones a vu le jour en 2015. La principale mission de l’Amicale est de promouvoir l’usage et la présence de la langue française au sein de notre Institut. Ainsi, l’Amicale milite activement afin que davantage de cours de langue française comme langue étrangère soient offerts à l’IHEID, pour que les professeures et professeurs incluent des lectures — à tout le moins facultatives — dans cette langue et que davantage de cours soient offerts en langue française au sein des différents départements composant notre Institut. L’Amicale ne milite pas afin que le français redevienne prédominant à l’Institut, mais plutôt afin d’équilibrer les rapports entre ses deux langues de travail. Outre les cours, le bilinguisme doit être systématisé afin d’éviter qu’une langue ne prenne le pas sur l’autre. En effet, il est évident que de se trouver au croisement de ces deux traditions linguistiques et universitaires est un atout considérable pour notre communauté. Selon les différents sondages réalisés par l’Amicale, le fait que ces deux langues soient nos langues de travail a influencé les deux tiers des étudiants à opter pour l’IHEID dans le cadre de leurs études. Il faut de ce fait éviter de se retrouver dans une situation où l’une des deux langues compromet le statut de l’autre, comme cela a pu être le cas par le passé.
L’Amicale milite ainsi pour qu’une fourchette oscillant entre vingt et trente pour cent des cours soient offerts en français (plutôt que moins de cinq pour cent à l’heure actuelle). Cela permettrait de rendre opérationnel le principe de bilinguisme « asymétrique » porté par l’administration et mentionné dans les divers instruments juridiques liant l’Institut aux divers paliers étatiques suisses. L’Amicale souhaite également rappeler au corps étudiant et professoral qu’il est toujours possible de s’exprimer dans les deux langues dans les cours offerts à l’Institut tant à l’oral qu’à l’écrit. Cette information est importante tant pour les francophones que pour les francophiles, puisqu’une étudiante ou un étudiant maîtrisant assez la langue pour suivre un cours mais non suffisamment pour rendre un travail dans l’autre langue peut tout de même suivre un cours en langue française tout en s’exprimant au besoin en anglais et en rendant ses travaux dans cette langue.
Sur le plan des réalisations, nous souhaitons d’abord souligner que nous sommes en discussions constantes avec l’administration de l’Institut afin de leur faire part de nos suggestions et de travailler ensemble à accroître le positionnement de la langue française. De manière plus concrète, l’Amicale organise un programme de tandem depuis quelques années afin de former des paires formées d’un francophone et d’un non-francophone, leur permettant d’apprendre ou de perfectionner la langue de leur partenaire d’échange. Des centaines de paires ont été formées depuis les débuts de ce programme et pour l’année 2022-2023, 116 étudiants se sont inscrits au programme, et plus de 60 personnes ont participé aux ateliers de discussions organisés par l’Amicale.
Nous organisons également plusieurs fois par an des apéros ou des activités à vocation culturelle (visites, projections de films, randonnées, etc.) afin d’échanger en français dans un cadre festif. Nous souhaitons évidemment rappeler que toutes et tous sont bienvenus même lorsqu’ayant un niveau débutant en français. Depuis sa mise sur pied, le comité AMEF et les étudiantes et étudiants y participant proviennent de tous les continents, Afrique, Amériques, Asie, Europe et Océanie et une grande part de nos membres n’ont pas le français comme langue maternelle. Nous estimons à juste titre que notre diversité est notre force, et qu’il convient de continuer à travailler en ce sens, afin que toutes et tous se sentent parties prenantes.
Vous pouvez rejoindre le chat WhatsApp de l’AMEF ici.

0 comments on “L’Amicale des étudiantes et étudiants francophones, la langue française et le bilinguisme institutionnel à l’IHEID”